Étoile Rouge de Belgrade - Young Boys Berne

Étoile Rouge de Belgrade - Young Boys Berne, mardi 27.08.2019

Nous sommes le mardi 27 août 2019 et l'étoile rouge de Belgrade s'apprête à accueillir Young Boys Berne pour un match retour qui s'annonce déjà palpitant, avec comme enjeu une tant convoitée place en CL.

Étant au pays lors du match aller (pour rappel : 2 à 2 au totomat, 3 tirs de revolver, 5 blessés...) j'ai décidé de prolonger mon séjour pour ne pas manquer cette rencontre.

Bémol, c'est le jour-J et je ne possède toujours pas de précieux sésame car tout a été vendu. Je rode donc autour du Marakana avec l'espoir de dénicher un billet au marché noir. Je tente ma chance auprès d'un rare revendeur malgrès quelques soupçons : pas de bol mais c'était bien un billet falsifié. Après une bonne heure de déprime, je déniche, enfin, auprès d'un steward, pour à peine 10 francs, un billet en tribune sud... juste à côté du parcage bernois !

J'en profite donc pour attendre l'arrivé des bernois déposés par à peine 3 bus à 200m du stade, trajet pendant lequel ils ne lâcheront pas le moindre chant !

Je rentre au même moment que les visiteurs et je découvre le maigre grillage qui nous sépare d'à peine 2-3 mètres. Leur entrée n'étant étonnemment pas groupée, chaque douzaine de personnes rejoignants leur noyau est copieusement huée. Insultes, doigts d'honneur et sifflements pleuvent des 2 côtés de leur secteur. Les chants tel que "Shiptari ! Shiptari !" (comprenez "Albanais ! Albanais !"), en référence à la Nati multi-éthnique, sont repris par une bonne partie du stade. Comme si ces milliers de bras et yeux rivés vers eux ne suffisaient pas, on atteindra le summum de l'intimidation lorsqu'un type ira au grillage exhiber son engin reproducteur face aux bernois médusés par cet acceuil. Par ailleur, aucun d'entre eux ne s'aventura à répondre aux provocations, la plupart se cantonnant à détourner le regard avec un sourire nerveux.

20h55, entrée des joueurs, plus de 50'000 spectateurs debouts dans toutes les tribunes et ce stade qui se mue en fournaise, j'en frissonne. En un clin d'œil se déploit un tifo sur toute la tribune nord des Delije et tout le stade chante en coeur. Les braves visiteurs qui ont fait le déplacement sont ébahis par cette ambiance et en restent muets (j'ai eu l'impression de revoir Ponce lors de sa première fois au Marakana). Ils n'auront chanté qu'à peine la moitié du temps, profitant des seuls chants que les tribunes sud et latérales n'ont pas repris.

Première mi-temps moyenne sur le terrain : cela se ressent en tribune, mais peu après le thé un cafouillage sur la ligne pour YB enflammera le stade pour pousser nos joueurs qui ont failli céder. L'ambiance ne cesse de monter et le jeu s'ouvre de plus en plus jusqu'à l'ouverture du score pour l'étoile rouge ! Dans un grondement sourd le stade explose, c'est la folie, je suis propulsé au grillage qui est pris d'assaut par une foule de têtes rasées en délire. S'en suivent de longues minutes de chants repris par toutes les tribunes et l'arrivé d'une troupe souriante et aimable de la gendarmerie le long du grillage pour calmer nos ardeurs. 10 minutes avant le terme, YB égalise suite à un auto-goal malchanceux ce qui fera monter considérablement la pression. Dans une tension indescriptible, les locaux résisteront aux ultimes attaques avant que les torches n'illuminent le stade au coup de sifflet final, synonyme de qualification.

Les célébrations continueront une bonne demi-heure dans le stade puis avec les joueurs sur le fameux tank (spécialement mobilisé pour l'occasion) derrière le kop nord et enfin dans les rues de Belgrade.

Le Marakana a encore une fois tétanisé et vaincu ses adversaires dans cette atmosphère unique, remplissant pleinement son rôle de 12eme homme.

Stef, dans sa 5ème heure de bus sur 22 pour rentrer en Suisse.