Twente - Fiorentina / Aachen - Ahlen

Twente - Fiorentina

Mercredi 16h15, après bâclé mes derrières tâches du travail et quitté ma place en pleine formation, il est temps de me diriger vers la gare pour prendre un train direction Brig. Puis Domo. Puis Gallarate. Et enfin Chiasso. 4h de trajet à boire quelques binchs en pensant au long voyage qui m’attend.

Arrivé aux alentours de 20h30 à Mendrisio (oui parce que c’était plus simple), Francesco de Ciass débarque me prendre et m’amener chez lui. De là on se boit des bières en regardant l’affiche Baden-Chiasso à la télé tout en jouant avec le chien et les botchs de notre ami tessinois. 1h plus tard, la première délégation arrive avec à son bord une partie de la fine fleur de Torino avec 5 gars âgés de 35 à 55 ans. Et oui, je serai le jeune dans l’histoire. On continue à picoler en étant en contact avec nos frères de la Fiorentina qui s’approchait gentiment de la frontière suisse. Peu avant minuit on prend le J9 et la benz de Francesco direction l’école du bled qui fera office de point de ralliement d’une partie des ultras de la Fio pour ce dép à Enschede. Ce qui ne manquera pas de nous octroyer quelques petites plaisanteries quant à l’amateurisme italien sur l’organisation vs la Schweiz qualität. Plusieurs J9 arrivent ainsi que 2 benz. Les occupants de ces dernières changeront de convoi pour prendre place dans un J9 loué par un gars du Toro à Como. Petit apéro offert par Francè composé de pizza et de canettes de Feld pour le plus grand bonheur de cette quarantaine de supporters. Il est gentiment minuit 30 et le monde se met en marche. Première halte au nord du Tessin après à peine une heure de route (ça commence bien) pour pisser. On reprend les benz et la majorité de notre break familiale composé de 6 personnes rejoint Morphée. 2ème arrêt à la hauteur d’Europa Park pour visiter une station-service totalement dépourvue de biens. Pendant que certains achèteront des bières, j’opterais pour un cornet de glace, ce qui provoquera les moqueries de la majorité italiens en cette fin de nuit. On reprend le volant et on continue très gentiment le trajet. Premier accident où un mec de notre bagnole se fera planter. En effet, Gigi (le plus grisonnant de Torino pour ceux qui voient) se ramassera la pointe d'un couteau qui dépassait d'un sac. Après quelques secondes de questionnement, j'avouerais être le responsable ayant omis de retirer mon couteau à fromage du sac. Rien de grave puisque ce n'était qu'une petite entaille, mais le convoi entier rigolera, la victime un peu moins, de cette mésaventure. Toujours désorienté les italiens, notre voiture fera office de tête de gondole durant l’entier du voyage. Quelques heures plus tard on arrive au milieu de l’Allemagne, à 2h environ de la Hollande. On fera un arrêt interminable d’environ 1h30 pour attendre d’autres bagnoles venues de Bruxelles (voiture de location depuis l’aéroport). 40 mecs dans une station-service ça ne passe pas inaperçu. On aura étonnamment aucune visite de la marée chaussée locale mais ça n’empêchera aucunement cette dernière de nous prendre en filature plus loin. En effet, après avoir repris la route aux alentours de 11h30, on aperçoit une bagnole de flics posée à une sortie d’autoroute. Peu de temps après elle nous dépassera et s’en ira. Vu le comité d’accueil en Hollande, on est quasiment certains que cette caisse n’était pas là par hasard en Allemagne. Ouais parce qu’avant même d’avoir franchi le territoire nerlandais, une autre bagnole de shtars, cette fois immatriculé aux Pays-Bas, nous prendra en escorte. Etant toujours en ouverture de cortège, on se doit de faire les bons choix. Après plusieurs tergiversations on décide de les suivre pensant qu’on n’avait pas beaucoup de marge de manœuvre. Au bout de quelques rues, les flics nous arrêtent, certains fourgons continuent mais seront vite rattrapé par une autre bagnole.

On nous demande nos documents. Moments de tensions puisque mes compères italiens étaient tous IDS en Italie. Bien qu’ils ne sont pas interdits de déps, ils ne peuvent pas aller au stade en théorie donc si les informations circulent jusqu’à la Digos de la Fiorentina, cela pourrait remonter à Turin et finir par une nouvelle emmerde. Finalement au bout de quelques minutes un poil tendu mais relativement bon enfant au milieu d’une route, l’escorte nous amène non sans peine dans un espèce de parking d’usines. Les infos ne sont pas très claires, on nous dit que c’est juste provisoire, puis on apprend qu’un décret interdisant les italiens en ville est sorti. Au même moment les autres captent que leurs collègues qui se sont flânés dans les escaliers la veille ont tous été arrêtés et embarqués au comico. Tensions, discussions, bordel, tout ça par 33 degrés en plein cagnard avec comme seul boisson de la Feldschösschen tiède. Les voitures de flics arrivent de plus en plus nombreuse, accompagné de bus de surveillance (avec les grosses caméras dessus). D’autres bagnoles remplis de supporters de la Fio arrive, apparemment la zone est quadrillé par les flics qui scrutent le moindre endroit. Un camping-car rital était même présent (pas encore compris si le mec dedans était supporter ou pas). La DIgos de Firenze se pointe et des discussions se mettent en place. Les mecs, sachant leur pote en taule, sont moyens à chaud à entrer au stade et ils le font savoir. On nous parle d’une soi-disant fan zone aux abords du stade ou nous pourrions rester. Du coté de notre voiture ça hésite même à se casser tout court, chose que les flics proposent, à condition qu’ils nous prennent l’identité. Ce qui refroidira encore plus les turinois, de risquer d’être une nouvelle fois identifier.

Je me dis gentiment que j’aurais fait ce long voyage dans le vide et que je verrais jamais ce stade bien que je peux comprendre la situation des Viola. Finalement, des bus sont mis à disposition pour nous emmener vers le stade. Interdiction des bouteilles et des hampes de drapeau, tout est vraiment casse couille. On est vigilant sur le trajet mais RAS. Les bus nous posent à une centaine de mètre du secteur dans une zone relativement quadrillé avec une fosse sceptique d’un côté et les voies de chemin de fer accompagné d’un canal qui ressemble à des égouts aussi. De là commence un véritable sketch pour décider ou non si les mecs allaient rentrer dans le secteur. Un vieux de la vieille fait son apparition et commence à faire des discours. Dans le même temps les flics ne sont pas loin et parlementent aussi. Ils essaient de faire sortir leurs potes mais c’est une situation délicate et le fait de parler aux flics comme ça énerve du monde. Il y aura des allers et retours pendant presque une heure avant que la décision d’entrer dans la fan zone (qui est en fait juste le secteur visiteur). RAS à la fouille si ce n’est mon harmonica qui se fait serrer. Heureusement on me donne un ticket pour aller le récupérer après le match.

La tension redescend et un stand de bières ainsi qu’une barraque à frites nous aidera encore plus. Les italiens fidèles à eux-mêmes quand il s’agit de parler une autre langue que le rital avec des scènes marrantes à voir qui me feront vraiment compatir avec le personnel qui bossait dans ces stands. 3-4 mecs de la veille sont relâchés et débarquent au stade (pas vraiment tout capté là-dessus) et les autres sont conduits directement aux aéroports. Alors que tout se passait bien, une grosse bombe agricole explose à une centaine de mètres. Tout le monde s’approche. Sauf erreur il y en a une 2ème qui fait sortir quelques mecs du secteur, évidemment, d’autres suivent « bêtement » et ça chauffe direct avec les flics qui tentent de chopper quelqu’un. Les stewarts tentent de fermer les grilles et un petit chaos s’installe en quelques secondes. C’est là que surgit le sosie d’Yves Zermatten avec 10cm de plus et 15 ans de plus, lâchant son fils pour s’interposer et qui réussira à ouvrir cette grille presque tout seul face à 5-6 stewards. Bref, un bordel d’une bonne minute et les mecs restés dehors réussissent à rentrer sous la pression de 150-200 gars. Les flics au moins auront le mérite de pas envenimer plus la situation et laisseront rapidement les choses se calmer sans intervenir. Au final aucun hollandais ne viendra, ils étaient juste de l’autre côté des voies, mais à 200m au moins.

On sent que la soirée sera tendue. On rentre finalement dans le secteur, puisque la décision a été prise d’y aller mais sans bâche et sans chanter. C’est déjà ça. L’ambiance est déjà assez bonne côté locaux. Un stade assez moderne avec un gros toit qui permet aux chants de sembler plus puissant. Quand ça chante, tout le stade reprend directement. Il est à peine 19h et on sent les hollandais beaux chaud. Pour aider à faire monter la sauce, les mecs passent en boucle des sons de Hardstyle/Hardcore. Bon on est en Hollande quoi. Pas grand-chose à signaler, le parcage étant silencieux, c’est assez calme niveau provoc, hormis 5-6 jeunes à torse nu de 13-14 ans qui passeront le début du match à provoquer.

L’ambiance est vraiment bonne et même impressionnante même si les chants sont très germano-british. On semble distinguer au loin le groupe moteur de la tribune d’en face mais ils doivent être une centaine, mais leurs chants sont repris rapidement par toutes les tribunes. Ca pousse assez fort sur chaque action. Bref ça fait plaisir de voir des tribunes latérales pas mortes comme chez nous. 30ème minute, les ultras de la Fio décident de quand même se faire entendre, les 500-600 mecs du parcage lèvent les mains et chantent un gros « liberta per gli ultras ». Chant sifflé par tout le stade, surtout dû au fait qu’ils ont vu et entendu de l’animation et de là ça commence à augmenter en termes de provoc. 1-2 chants pour Firenze et un gros Twente vaffanculo ainsi qu’un autre anti-hollandais puis plus rien jusqu’à la mi-temps. D’autres jeunes et moins jeunes viendront à proximité du parcage pour faire des doigts, les florentins ne sont pas en reste pour mimer toute sorte d’obscénité. Mi-temps RAS, l’eau était gratuite pour ce match ce qui est à noter pour une fois et franchement vu la chaleur et les bières enfilées ça passe plutôt bien.

2ème mi-temps comme la première, aucun chant jusqu’à la 60-70’. Me rappelle plus vraiment quand mais à un moment une bombe agricole explose dans le secteur du bas. J’ai cru jusqu’à la fin du match que c’était les hollandais eux-mêmes qui avaient fait péter ça mais apparemment non, elle a été lancée sur ceux d’en bas. Mais étonnamment, le stade n’a pas trop réagi, ou alors j’ai mal vu. En revanche quelques minutes plus tard, alors qu’un nouveau « liberta per gli ultras » était lancé, 2 minis torches seront pétées dans le parcage. De là les futures hostilités de tout un peuple débuteront quelques secondes plus tard. En effet, la sécu ne trouve rien ne mieux que d’arroser la foule pour tenter d’éteindre les torches (bien joué Einstein quand tu sais pourquoi sont fabriqués ces engins). Un mec pétera les plombs et lancera bêtement son fumi dans le secteur d’en bas (malgré les filets). Là je me suis dit « eh merde ». Déjà le potentiel risque d’avoir tué ou blessé gravement quelqu’un (c’était le secteur famille et il était bien plus bas donc avec la vitesse ça peut bien t’arracher la gueule) et le fait que les flics vont vouloir chopper du monde après le match. Finalement la réaction c’est que tout le stade, sans exception, se met à nous conspuer, une haine dont je n’avais jamais vu auparavant la couleur. De 7 à 77 ans, ça commence à sauter sur le plexi, à taper contre avec les poings, un vieux tentent de passer sur le filet de côté en se mettant en danger. Bref, les mecs ont vrillé. C’était très impressionnant. Les sécus se font soulever. Quand tu vois ces centaines de personnes avec une telle haine, tu te dis tout d’un coup que c’est pas si mal d’avoir une vitre. Ce cirque durera bien 15 minutes avant l’arrivée timide des flics, mais des flics genre municipaux avec des casques à vélo, donc autant dire qu’ils n’avaient pas beaucoup d’autorité. La tension baisse un peu mais ça reste tout de même assez chaud. Et sur le terrain également ça chauffe, les joueurs de la Fio se font huer, reçoivent des bières à chaque fois qu’ils passent près des latérales. On parle même pas des corners qui font 2 minutes avant d’être joué. Mention à un joueur violet qui devra sortir par la latérale pour pas perdre du temps dans le changement et qui recevra je pense plus de 50 verres de bières en 30 secondes sans pour autant que ça le fasse réagir. La Fio manque à 2 reprises de plier le match en ouvrant le score (2-1 pour la Fio à l’aller) mais ils rateront des montagnes. Twente poussera jusqu’au bout, aidé par un stade totalement bouillant et acquis à leur cause. Ils rateront aussi une énorme à la fin mais l’arbitre sifflera les 3 coups de sifflet sur le score de 0-0. La frustration aidant, les hollandais se remettent à nous huer, nous insulter, nous faire des gestes de mort avec leurs yeux dégoulinants de haine. Franchement ça faisait longtemps que j’avais plus vécu cette tension et une petite crainte en se disant que les mecs sont 10x plus nombreux et 50x plus enragés. Surtout que côté Fiorentina dans le secteur il y a un bon nombre de lambda, et des jeunes. Bref, ça sort gentiment du secteur, une équipe descend rapidement plus bas et au bout de quelques minutes on les voit tous remonter en vitesse dans les escaliers, ce qui créera une semi bousculade et des moments de panique, surtout pour les vieux qui n’avaient rien à voir. Apparemment les gars de Twente étaient en train de forcer le secteur par la latérale. Il semblerait qu’ils étaient tout proche de rentrer. Je pense que ce n’était pas plus mal au final, ca aurait été une boucherie. Finalement les flics repoussent les gens mais pas facilement tant le peuple hollandais est survolté. Ca charge les flics, ça va à main nu contre, on voyait pas grand-chose si ce n’est des milliers de mecs prêts à en découdre dans cette tribune latérale. Un moment plus tard, un groupe descend tout en bas du secteur parce qu’une vingtaine d’Ultras de Twente tentait de péter les grilles qui nous séparaient. Ils franchiront une mais la deuxième non. Donc on assistera à un lancer de torches, bombes, bordel pendant quelques minutes. En allant plus haut dans les escaliers on verra vraiment que les 2 groupes étaient à moins de 5 mètres mais ne pouvaient se voir. Finalement les flics débarqueront plus tard faisant fuir la majorité des gars présents. La situation se calmera au bout d’un moment, tout le monde descendra au pied du parcage en attendant de pouvoir sortir définitivement du stade et rejoindre les bus. Le temps de récupérer mon harmonica. Une bonne heure plus tard en tout cas ça sera chose faite. Tout le monde est attentif dans ce bus mais finalement RAS. On retournera aux caisses/J9 et on quittera la pays sans trop tarder. Je m’attendais à voir surgir de nulle part des mecs vu la détermination de nos hôtes du soir mais que nenni. Le retour sera calme. Enfin pour ma part étant donné que je n’avais qu’une heure et des poussières de route jusqu’à Duisburg, où j’ai décidé de faire une halte. Je salue mes camarades turnois et leur souhaite bon courage en pensant à la douche et au lit qui m’attend sous peu.

Aachen-Ahlen

Vu que le CR commence à durer je vais un peu épargner des détails mais en gros après une bonne nuit de sommeil, je prends le train bondé direction Aachen (Aix-la-Chappelle) pour voir un joli petit match de 4ème division : Aachen-Ahlen. Je débarque autour du stade deux bonnes heures avant le débout, déjà un peu de monde qui crapahute en picolant par petit groupe. La majorité des personnes présentes portent un t-shirt du club. Et pour les autres c’est une écharpe, une casquette ou un veste en jeans avec plein de patchs (toujours un plaisir de les voir ces vieux-là). Je passe chercher mon billet que j’avais réservé au cas où auparavant. C’est donc dans un espèce de cabanon qu’Ursula me filera mon précieux sésame du soir. Comme j’ai du temps, je profite d’aller acheter de la gnôle et de quoi grignoter étant donné qu’aucune buvette n’était ouverte dehors du stade (surprenant pour des Schleus). Je rentre au stade une trentaine de minutes en latéral, mais le stade étant assez ouvert et moderne, il est possible de passer d’un secteur à l’autre sans difficulté, je profite donc de visiter le virage ultra. Jolies fresques qui donnent un rendu pas mal. ET il faut dire que pour un stade moderne, il a plutôt bonne gueule. Dire qu’un stade de 4ème division allemande est mieux foutu que la plupart des stades suisses. Rapidement je remarque qu’un tifo aura lieu. La tribune derrière les goals est bien remplie, difficile à dire le nombre de présents mais plusieurs milliers de mecs en tout gars, et de tout âge. Quelques minutes avant le début de le rencontre un gros voile descend. Puis un nombre conséquent de mecs cagoulés font leur apparition sur la barrière. Ca va sentir la poudre. Les torches sont pétées à l’entrée des joueurs, avec un très beau rendu. Le stade applaudit, c’est parti pour un joli match. Je suis assis à 10 mètres du gradin, bière en main avec une ambiance bien sympathique, y’a pas à chier on est mieux là que par exemple à la Maladière.

Bon pour le reste, une cinquantaine de mecs garniront le parcage visiteur mais seront inaudibles malgré l’activité. Le match tournera à l’avantage des locaux puisqu’Aachen l’emportera 1-0. Quelques bons chants mais très allemand. Un bon noyau de 150-200 gars très actif, le reste dépendra des chants et des actions. Belle communion avec les joueurs à la fin du match. Fin du match, retour en ville puis à l’hôtel. Lendemain réveil matinal pour prendre le train direction Bale. Après une escale à Karlsruhe dans une gare rempli de condés en tenue de match (j’apprendrais après que Hansa Rostock jouait par ici 2h plus tard). Finalement RAS, pas même dans le train dans lequel je m’apprêtais à prendre qui venait d’Hambourg. Changement de train à Bale puis direction Emmenburcke pour boire une bière au kebab de la gare avant de rejoindre le train spécial sauvage pour Lucerne. La suite on l’a connait.