Salernitana-Sampdoria / Paganese-Andria

par **Marat** Lun 13 Nov - 22:45

Ayant retrouvé il y a peu les joies du chômage comme à la belle époque, je me suis dit « et pourquoi pas me casser quelques jours ». Je passe en revue les matchs disponibles, je lorgne vers l’Allemagne mais finalement je sais rapidement que c’est l’Italie qui m’appelle. Une lubie de voir un match à San Bendetteo del Tronto pour voir ce que vaut la curva de la Samb me titille (match le mercredi). Le hic c’est que ce n’est pas hyper pratique à y aller. Finalement, je remarque que la coupe d’Italie aura lieu mardi dont un joli Salernitana-Sampdoria. Là je me dit départ. Je me prends un pass interrail jeune (histoire de gagner 20 balles en espérant que la fraude marche) puis un billet pour une couchette dans le train de nuit Torino-Salerno et je m’en vais me coucher. Lundi en fin d’aprem, c’est le départ. Je prends un gros sac parce que je sais pas encore combien de temps je me casse. La possibilité de rejoindre les potes à Chiasso vendredi devient de plus en plus une évidence. Après un changement de train à Brig et à Domo, je prends la route de Milan. Changement de gare mais ayant plus d’une heure et demi avant le prochain train, je profite de me prendre un truc à graille et de me promener tranquillement. Arrivé à la gare Porta Garibaldi, je fais un tour du propriétaire. Rien de transcendant à signaler. J’attends donc patiemment le train sur un quai (le mauvais évidemment). Une fois dans le carrosse, j’appréhende un peu de voir sur qui je vais tomber dans la couchette. Et à raison. Je rentre donc dans une couchette avec un couple d’indien et leur mioche de 2-3 ans ainsi qu’un napolitain. Je m’installe sans faire trop de bruit mais pas évident. Le gosse chiale et fait du bruit et je me dis que ça sera affreux. Finalement, aidé par des boules quies et un bandeau sur les yeux, j’arriverais à trouver un sommeil plus ou moins correct. D’autant plus que la famille sortait à Rome.
12h après le départ de Milan, me voici à Salerno. Petit tour au bord de la mer, je profite des températures agréables et me prend un petit café-brioche avec vue. Le vent souffle un peu et les vagues sont impressionnantes. Puis direction mon b&b, je m’énerve parce que je marche 35 minutes en me disant que je suis con d’avoir pris un hotel autant loin. C’est seulement après avoir sonné 6 fois à la porte et en ayant écris plusieurs messages que je me rends compte que j’étais au mauvais endroit. 15 minutes plus tard (et dans la bonne direction), je récupère mes clés et tout le tsoin tsoin. Après une petite douche, je prends la route du centre-ville pour manger un morse et visiter un peu.

Puis, en fin d’aprem, direction le stade. Une trentaine de minutes plus tard me voici à proximité du Stadio Arechi. Je remarque rapidement que l’affluence ne sera pas très élevée vu le peu de gens qui se trouvent par là autour. Certaines tribunes ne sont même pas ouvertes. Comme d’habitude je tente de trouver par moi-même plutôt que de demander et forcément, après avoir fait le tour du stade je me rends compte que je dois le refaire en sens inverse pour accéder à ma place. Je passe devant la Curva Sud Siberiano mais ras, quelques mecs finissent leurs bières avant de rentrer. Je rentre donc en distinti. Comme expliqué avant, le stade est très peu garni. 4750 officiellement (dont 150-200 doriani). Le match un mercredi à 18h00 et en coupe qui plus est n’aide vraiment pas, mais je reste tout de même sur ma faim des Salernitanani, eu qui ont réussi à être plus de 5000 en déplacement les saisons précédentes lors de déplacement au Nord. Bref, je me console avec les présents qui se bougeront bien. Mention aux Doriani qui auront été très bruyant malgré le score qui leur sera très défavorable. En effet, il Doria se prendra une veste avec un sec 4-0 pour les locaux. Même pas fait gaffe (j’ai vu après) mais le bon Pajtm Kasami rentrera en cours de match pour la Samp. Décidemment, il aime les clubs à naufrage. La Curva Sud donnera un bon rendu malgré tout, le premier anneau chantera constamment. Quelques torches sur les goals. Après rien de transcendant non plus, mais bon avec la moitié de la curva vide fallait s’y attendre. Côté Doria, comme dit avant, bonne prestation, même à 4-0 ils ne lâcheront quasiment rien. Surement que le fait de faire 6-7 h de route un mercredi pour un match pareil leur donnera envie de chanter leur amour avant tout. Ils engueuleront quand même leurs joueurs venus timidement les saluer en fin de match. Bref en gros un peu déçu de l’affluence et donc un peu de l’ambiance mais le stadio Arechi était dans ma liste donc content tout de même de l’avoir visité. Retour en ville, petite bouffe dans une pizzeria et je rentre me poser à l’hôtel.

Lendemain, réveil pas trop tard, je m’en vais faire mon petit déj au bistrot d’en face comme si j’avais toujours vécu là. 5 euros le jus d’orange pressé, le café et la brioche, ça donne envie de rester vivre ici. Mon projet initial était d’aller voir un match de la Cavese (Cava de’ Tirreni, située à 10 minutes en train de Salerno). Malheureusement le match en question était le derby contre la Nocerina (Nocera se trouvant elle-même à 10 minutes de Cava), et pour ce match les visiteurs étaient hélas interdits. Mais derby oblige, il est difficile de gérer la provenance des gens. Donc pour ce match de 4ème division, seuls les habitants de la ville de Cava auront le droit d’y assister. SI on transpose à Sion, ça signifierait que les gens de Conthey, Savièse ou de Veyras ne seraient pas autorisés. Assez dingue. J’essaie quand même de faire jouer mes contacts. Un message à Roby d’Ambri (qui par hasard se trouvait à Cava puisqu’ils ont une amitié avec les ultras de la Cavese pas forcément officielle) pour lui demander des infos mais apparemment c’était vraiment compliqué. Même eux ont galéré et ont dû demander les cartes des grands parents d’autres types habitant la ville pour chopper un billet. En plus de ça, il était accompagné de quelques Boys Zurich, dont le capo de la Sudkurve, donc ça m’a pas forcément motivé de ouf (même si au fond j’ai pas de haine contre eux). Tout ça pour dire que finalement mon choix se porte vers la Paganese (que j’avais déjà été voir il y a deux ans, les adeptes de mes CR, qui doivent se compter sur la main du lanceur de pétard de Lausanne en 2018, se souviendront). J’aurais également pu me faire le match Angri-Altamura qui se jouait à une dizaine de minutes de Pagani mais que nenni. Pour résumer à moins de 20-30 km, 3 matchs de serie D se jouait en même temps, avec pour chacun des ultras, et parfois des sacrés groupes. La Campania regorge de belle petite tribune. Donc le match du jour c’est Paganese-Andria. Je pars peu après midi direction Pagani. Comme il y a 2 ans, la pluie m’accompagnera toute la journée. J’arrive dans cette ville qui n’a vraiment pas grand-chose à offrir et je dois être à peu près le seul touriste fréquentant cette ville ce mois-ci. Je pars directe au bar tabac non loin du stade pour m’acheter le billet. Cette fois-ci, je tente le coup en Curva malgré l’absence de toit dans cette tribune. Petite tour en ville, je m’arrête dans un des seuls bistrots ouverts. Je suis le seul client évidemment. Je me prends une petite binch, puis je me laisse tenter par une pinsa. Je remarquerais plus tard que les mecs s’apprêtaient à fermer donc ils me regarderont manger depuis la vitre intérieure. Et ceux qui me connaissent savent à quel point je suis rapide. J’ai pas le temps de mettre le dernier bout en bouche que le serveur me demande si je veux payer. Ils me chassent pas puisque je suis sur la terrasse et me proposent même de rester là un moment et de revenir ce soir pour manger. Bref, je traine encore un petit moment et je file direction le stade. Un peu vite puisque les portes ne sont pas ouvertes. 30 minutes avant je rentre dedans et je suis le 5 ou 6ème individu de cette tribune. Les locaux ne se presseront vraiment pas. Ca arrivera au compte-goutte entre 15 minutes avant et le début du match. Les visiteurs font leur apparition aussi peu après mon arrivée. 2-3 insultes mais pas grand-chose de folichon. Ils sont une bonne centaine en tout cas (aucune idée si le match était soumis à restriction).

A savoir que depuis ma visite de 2021, les supporters de la Paganese ont fait parler d’eux puisqu’ils ont attaqué ceux de la Casertana en janvier avec à la clé un bus incendié et des blessés (dont des flics) :

https://www.watson.ch/fr/sport/football/255367852-paganese-casertana-le-car-des-fans-incendie

Ils ont choppé 3 matchs à huis clos et une dizaine d’ultras ont pris entre 9 mois et quasi 6 ans de prison. On voit que les peines sont très sévères en Italie. Ca m’a fait penser que je serais probablement en prison (et surement pas le seul) si j’avais commis mes méfaits dans la botte. Ca permet aussi de relativiser quand on crie à la répression abusive ici en Suisse.

Parenthèse fermée, le match débute et les visiteurs ouvrent rapidement le score. L’ambiance part tout de même bien dans la Curva Nord Salvatore Francavilla. A vue d’œil je dirais que 300-400 mecs peuplent cette tribune. De bons chants sympathiques à leur crédit (que je m’empresserai d’enregistrer sur mon tél), bien que certains sont chantés un peu partout dans le pays. Malgré la pluie et la température peu élevée, un des capi se fouttra à torse poil, quelques mecs dans le noyau feront de même. Un méga sera utilisé une ou deux fois, pour le reste c’est à l’ancienne et à la voix. En revanche deux tambours agrémenteront très bien les chants et donneront souvent le rythme en changeant régulièrement leur battement. Cela dit c’est plus facile quand t’es peu en tribune, mais ça laisse rêveur quand même. Quelques torches et bombe carte seront de sorti durant la rencontre. Les locaux égaliseront, avant de prendre l’avantage. L’ambiance s’en portera mieux puisque certains chants claqueront bien compte tenu du nombre limité de types et du gradin sans toit. Les latérales donneront aussi de la voix par moment, dont certains chants bien ultras, ça fait plaisir. Hélas, Andria finira par égaliser en fin de match ce qui plombera un peu le moral des troupes. Fin du match 2-2 donc, les joueurs sont tout de même applaudis et le traditionnel chant sur UB40 également lancé en communion avec les joueurs. Vu la pluie, je traine pas trop là. Je ne croiserai personne pour discuter (j’ai pas tellement cherché à vrai dire) et file donc à la gare pour revenir à Salerno. Je me réchauffe un peu puis part en direction d’un pub non loin pour une petite bouffe. Fin de soirée calme, le lendemain je tracerais direction les pouilles et Foggia pour revoir le soleil. Petite escapade à Trani également mais aucun match dans la zone. Finalement le vendredi j’entamerai mon long périple de retour avec un train direct jusqu’à Milan, puis un autre pour Chiasso afin de rejoindre mes camarades pour le palpitant Chiasso – Villa Luganese comptant pour la 8ème division helvétique. Je m’arrête là car des jeunes se sont motivés à faire le CR de cette rencontre et du week-end et je me réjouis de lire ces anecdotes pour me remémorer de certaines choses dont j’ai déjà oublié l’existence.

Allez salut.